61. Qui ne sait que Dieu est la Miséricorde même et la Clémence même, parce qu’il est l’Amour même et le Bien même, et que c’est là ce qui constitue son Etre ou son Essence? et, d’après cela, qui ne voit qu’il y’a contradiction de dire que la Miséricorde même ou le Bien même puisse regarder l’homme avec colère, devenir son ennemi, se détourner de lui, décider sa damnation, et néanmoins demeurer Etre Divin ou Dieu? De telles suppositions tombent difficilement dans l’homme probe, mais facilement dans celui qui n’est pas probe; elles tombent aussi, non pas dans l’Ange du Ciel, mais dans l’Ange de l’enfer; aussi est-il abominable d’attribuer ces choses à Dieu. Qu’on les lui ait attribuées, c’est ce qui est bien évident d’après ce qui a été dit par plusieurs Pères, par les Conciles et ensuite dans les Eglises, depuis les premiers siècles jusqu’à ce jour; et aussi d’après les inductions qui du principe ont découlé nécessairement dans les principes, ou de la cause dans les effets produits (causata), comme de la tête dans les membres; par exemple, que Dieu veut être réconcilié, qu’il est réconcilié par amour pour le Fils, et par l’intercession ou la médiation; qu’il veut être rendu propice par la vue de l’extrême souffrance du Fils, et être ainsi ramené et pour ainsi dire forcé à la Miséricorde, afin que d’ennemi il devienne ami, et qu’il adopte les enfants de la colère pour enfants de la grâce. Qu’imputer la justice et les mérites de son Fils à l’injuste qui supplie par la foi seule, ce soit aussi purement humain, c’est ce qu’on verra dans la dernière analyse de cet Opuscule.
Brève Explication de la Doctrine de l'Église Nouvelle #92
92. Par abréger ces jours-là, il est entendu mettre fin à l’Eglise d’aujourd’hui et en instaurer une Nouvelle; en effet, dans le Chapitre 24 de Matthieu, ainsi qu’il a été dit ci-dessus, il s’agit de la décadence et de la perversion successives de l’Eglise Chrétienne, jusqu’à sa Consommation et sa fin, et de l’Avènement du Seigneur en même temps; que nulle chair ne pourrait être sauvée, si ces jours-là n’étaient abrégés, c’est parce que la foi de l’Eglise d’aujourd’hui a été fondée sur l’idée de trois Dieux, et que personne ne peut entrer dans le Ciel avec cette idée, ni par conséquent avec cette foi, car cette idée est dans toutes et dans chacune des choses de cette foi, et de plus il n’y a dans cette foi rien de la vie provenant des œuvres de la charité: que cette foi ne puisse pas non plus être conjointe à la charité, ni produire aucun des fruits qui sont les bonnes œuvres, cela a été montré ci-dessus, numéros 47-50. Il y a deux choses qui fondent le Ciel dans l’homme, ce sont les Vrais de la foi et les Biens de la charité; les Vrais de la Foi font la présence du Seigneur, et montrent le chemin du Ciel, et les Biens de la charité font la conjonction avec le Seigneur et introduisent dans le Ciel; et chacun y est introduit dans la lumière selon l’affection du vrai, et dans la chaleur selon l’affection du bien; que l’affection du vrai soit la foi dans son essence, et l’affection du bien la charité dans son essence, et que leur mariage soit l’Eglise, on le voit ci-dessus, numéro 48; l’Eglise et le Ciel font un. Que ces trois choses ne soient point aujourd’hui dans les Eglises bâties sur la foi seule, c’est ce qui a été pleinement montré dans les Articles précédents.


