54. Les Chefs de l’Eglise insistent fortement pour que l’Entendement soit soumis à l’obéissance de la foi; bien plus, ils disent que la Foi Del ‘inconnu, qui est une foi aveugle ou nocturne, est proprement la foi; c’est là un premier Paradoxe, car la foi appartient au vrai, et le vrai appartient à la foi; et le vrai, pour qu’il devienne de la foi, doit être dans sa lumière et être vu, autrement on peut croire le faux. Les Paradoxes qui découlent d’une telle foi sont en grand nombre; par exemple, que Dieu le Père a engendré un Fils de toute éternité; que l’Esprit Saint procède de l’un et de l’autre, et que chacun est par soi-même une Personne, et est Dieu; que le Seigneur, tant quant à l’âme que quant au corps, est issu d’une mère; que ces trois Personnes, ainsi ces trois Dieux, ont créé l’univers, et que l’un d’eux est descendu et a pris l’Humain, pour réconcilier les hommes avec le Père, et ainsi pour les sauver; qu’il y’a salut par l’imputation, l’application et la translation de la justice du Fils en ceux qui par la grâce acquièrent la foi et croient ces paradoxes; que l’homme a la première réception de cette foi est comme une statue, un tronc d’arbre ou une pierre, et que, La foi influe par la seule audition de la Parole; que la foi donne seule le salut, sans les œuvres de la loi, et sans avoir été formée d’après la charité; qu’elle opère la rémission des péchés, sans avoir été précédée de la pénitence; que d’après cette seule rémission des péchés, l’impénitent est justifié, régénéré et sanctifié, et qu’ensuite la charité, les bonnes œuvres et la résipiscence suivent d’elles-mêmes; outre plusieurs paradoxes semblables, qui tous découlent de la doctrine fondée sur l’idée de trois Dieux, comme une lignée d’enfants issus d’une couche illégitime.
Brève Explication de la Doctrine de l'Église Nouvelle #113
113. Aux explications qui précèdent, il sera ajouté cette observation: il est dit dans l’Eglise, que personne ne peut accomplir la loi, et que cela est d’autant plus impossible, que celui qui prévarique contre un seul des préceptes du Décalogue, prévarique contre tous; mais cette formule de langage ne signifie pas ce qu’elle semble signifier; car voici comment elle doit être entendue: celui qui de propos déterminé ou par confirmation agit contre un seul précepte, agit contre tous les autres, parce que agir de propos déterminé ou par confirmation, c’est nier absolument que ce soit un péché d’agir ainsi, et celui qui nie que ce soit un péché considéré comme de peu d’importance d’agir contre tous les autres préceptes: qui ne sait que celui qui est fornicateur n’est pas pour cela homicide, voleur, faux témoin, ni ne veut l’être? Mais celui qui est adultère de propos déterminé et par confirmation considère comme de peu d’importance tout ce qui est défendu par la religion, ainsi les homicides, les vols et les faux témoignages, et s’il s’en abstient, ce n’est pas parce que ce sont des péchés, mais parce qu’il craint la loi et le déshonneur: il en est de même si quelqu’un de propos déterminé ou par confirmation agit contre un autre précepte du Décalogue, il agit aussi contre tous les autres, parce qu’il ne considère aucune chose comme péché. il en est de même chez ceux qui sont dans le bien par le Seigneur; si ceux-ci par la Volonté et l’Entendement, ou de propos déterminé et par confirmation, s’abstiennent d’un seul mal, parce que c’est un péché, ils s’abstiennent de tous, et à plus forte raison s’ils s’abstiennent de plusieurs maux: en effet, dès qu’un homme, de propos déterminé ou par confirmation, s’abstient de quelque mal par ce que c’est un péché, il est tenu par le Seigneur dans le propos déterminé de s’abstenir de tous les autres; c’est pourquoi, si, par ignorance ou parce que quelque convoitise du corps a le dessus, il fait le mal, ce mal néanmoins ne lui est point imputé, parce qu’il ne se l’est pas proposé, et qu’il ne le confirme pas chez lui. L’homme vient dans ce propos déterminé, s’il s’examine une ou deux fois par an, et s’il se repent du mal qu’il découvre chez lui; il en est tout autrement de celui qui ne s’examine jamais. Je puis confirmer cela par la relation suivante: Dans le Monde Spirituel, j’ai rencontré plusieurs Esprits qui dans le Monde naturel avaient vécu de même que d’autres, s’habillant avec luxe, se nourrissant avec recherche, trafiquant comme d’autres avec profit, fréquentant les spectacles, plaisantant sur des sujets amoureux comme d’après un désir libidineux, et faisant plusieurs autres actions semblables; et cependant les Anges considéraient ces actions chez les uns comme maux de péché, et chez les autres ils ne les imputaient pas comme maux, et ils déclaraient ceux-ci innocents, et ceux-là coupables: interrogés pourquoi ils décidaient ainsi, puisque les actions étaient pareilles, ils répondaient qu’ils les examinent tous d’après le propos déterminé, l’intention ou la fin, et par là les distinguent, et que c’est pour cela qu’eux-mêmes excusent ou condamnent ceux que la fin excuse ou condamne, parce que la fin du bien est chez tous dans le Ciel, et la fin du mal chez tous dans l’enfer. D’après cela on voit maintenant qui est celui à qui le péché est imputé, et qui est celui à qui il n’est pas imputé.


