81. Ce qui est surprenant, c’est que la Doctrine de la Justification par la foi seule obtient aujourd’hui tous les suffrages dans toute la Chrétienté réformée, c’est-à-dire qu’elle y règne presque comme unique dogme de Théologie dans l’ordre sacré; c’est elle que tous les jeunes Novices du clergé apprennent et puisent avidement dans les Universités; et ensuite comme inspirés par la Sagesse Céleste ils l’enseignent dans les Temples, la publient dans des écrits, et par elle ils recherchent la renommée d’une érudition supérieure et la gloire du nom; c’est aussi en raison de cette doctrine qu’ils obtiennent des diplômes, des prérogatives et des récompenses: et tout cela se fait, quoique ce soit aujourd’hui cette Doctrine seule qui a obscurci le Soleil, privé la Lune de sa lueur, et fait tomber, c’est-à-dire, périr les Etoiles des cieux: que la Doctrine sur la foi de la justice imputative ait aujourd’hui aveuglé les mentals, au point qu’on ne veut, et que par suite on ne peut, pour ainsi dire, plus voir aucun Divin Vrai à la lumière du Soleil, ni à la lueur de la Lune, mais seulement à la lueur d’un foyer pendant la nuit, c’est ce dont j’ai été rendu témoin; aussi puis-je prédire que si les Divins Vrais sur la Conjonction de la charité et de la foi, sur le Ciel, sur le Seigneur, sur la Félicité éternelle qui en précède, étaient envoyés du Ciel écrits en lettres d’argent, les Sectateurs de cette Justification ne les jugeraient pas dignes d’être lus; mais qu’il en serait tout autrement s’il était apporté des enfers un papier sur la Justification par la foi seule. On lit aussi, dans la FORMULE DE CONCORDE, que l’Article de la Justification par la foi seule, ou de la Justice de la foi, est le principal de toute la Doctrine Chrétienne; et que les œuvres de la loi doivent être entièrement exclues de cet Article, pages 17, 61, 62, 72, 89, 683, Appendice, page 164.
Brève Explication de la Doctrine de l'Église Nouvelle #118
118. Premier Mémorable. Tandis que j’étais à expliquer le Chapitre 20 de l’Apocalypse, et que je méditais sur le Dragon, la Bête et le Faux Prophète, un Esprit angélique m’apparut, et me fit cette question:
« Sur quoi médites-tu? » et je dis: «Sur le Faux Prophète;» alors il me dit: «Je te conduirai dans le lieu ou demeurent ceux qui sont entendus par le Faux Prophète; » il ajouta que ce sont ceux-là mêmes qui sont entendus, Chap. 13, par la Bête montant de la Terre, qui avait deux cornes semblables à celles de l’Agneau, et qui parlait comme le Dragon. Je le suivis; et voici, je vis une troupe au milieu de laquelle étaient des Chefs de l’Eglise, qui avaient enseigné que rien autre chose ne sauve l’homme que la Foi dans le mérite du Christ; que les œuvres sont bonnes, mais non pour le salut; et que néanmoins elles doivent être enseignées d’après la Parole, afin que les Laïques, surtout les simples, soient tenus plus strictement dans les liens de l’obéissance envers les Magistrats, et comme portés par Religion, ainsi intérieurement, à exercer la Charité morale. Et alors l’un d’eux, me voyant, dit: «veux-tu voir notre Temple, dans lequel est l’Image représentative de notre Foi?» Je m’approchai et je vis, et voici il était magnifique, et au milieu il y avait l’image d’une Femme, vêtue d’une robe écarlate, tenant dans la main; droite une Monnaie d’or, et dans la gauche une Chaîne de perles: mais et l’Image et le Temple étaient le produit d’une fantaisie; car les Esprits infernaux peuvent par des fantaisies représenter des choses magnifiques, en fermant les intérieurs du mental et en ouvrant seulement les extérieurs. Mais, comme je m’aperçus que ces objets étaient des prestiges, j’adressai une prière au Seigneur, et aussitôt les intérieurs de mon mental furent ouverts; et alors, au lieu d’un Temple magnifique, je vis une Maison crevassée depuis le toit jusqu’en bas, dont les parties n’avaient aucune cohérence entre elles; et, au lieu de la Femme, je vis dans cette Maison un Simulacre suspendu, dont la Tête était semblable à celle d’un Dragon, le Corps à celui d’un Léopard, et dont les Pieds étaient comme ceux d’un Ours, et la Bouche comme celle d’un Lion; ainsi parfaitement semblable à la description de la Bête qui monte de la mer, (Apocalypse 13:2); et, au lieu d’un Terrain solide, c’était un Marais rempli de grenouilles; et il me fut dit que sous le Marais il y avait une grande Pierre taillée, sous laquelle la Parole était profondément cachée. Après avoir vu cela, je dis au Prestigitateur:
« Est-ce la vôtre Temple? »
Et il dit:
« Oui; »
mais aussitôt sa vue intérieure fut aussi ouverte, et il vit les mêmes choses que moi; à cette vue il cria à haute voix:
« Qu’est-ce que cela, et d’où cela vient-il?».
Et je dis:
« C’est l’effet de la lumière du Ciel, qui découvre la qualité de chaque forme, et ici la qualité de votre Foi séparée de la charité spirituelle. » Et à l’instant même un Vent oriental souffla, et emporta le Temple avec l’image, et en outre il dessécha le Marais, et mit ainsi à nu la Pierre sous laquelle était la Parole: et après cela, il se fit sentir du ciel une chaleur telle que celle du printemps; et voici, on vit alors dans ce même lieu un Tabernacle, simple quant à la forme externe; et les Anges qui étaient chez moi dirent:
« Voici le Tabernacle d’Abraham, tel qu’il était, quand les trois Anges vinrent à lui, et lui annoncèrent la naissance prochaine d’Isaac; il apparait simple devant les yeux, mais néanmoins il devient de plus en plus magnifique selon l’influx de la lumière du Ciel. » Et il leur fut donné d’ouvrir le ciel où étaient les Anges spirituels qui sont dans la sagesse; et alors, par la Lumière qui en influait, ce Tabernacle apparaissait comme un Temple, semblable à celui de Jérusalem; comme je l’examinais à l’intérieur, je vis la Pierre du fond, sous laquelle avait été déposée la Parole, parsemée de Pierres précieuses d’où une sorte d’éclair jaillissait sur les murailles sur lesquelles il y avait des formes de Chérubins, et les diversifiait agréablement par des couleurs. Pendant que j’admirais ces choses, les Anges dirent: «Tu en verras encore de plus admirables; » et il leur fut donné d’ouvrir le Troisième ciel, où étaient les Anges célestes qui sont dans l’amour; et alors par la Lumière qui en influait tout ce Temple s’évanouit, et à sa place fut vu le Seigneur Seul, debout sur la Pierre du fond, qui était la Parole, et tel qu’il apparut à Jean, Chap. I de l’Apocalypse. Mais comme alors les intérieurs du mental des Anges furent remplis d’une sainteté qui les portait à tomber sur leurs faces, le Seigneur ferma aussitôt la voie de la lumière qui venait du Troisième Ciel, et ouvrit celle de la lumière venant du Second ciel, ce qui fit que l’aspect précédent du Temple revint, et aussi celui du Tabernacle, mais dans le Temple. Par ce changements fut illustré ce qui est entendu dans le Chap. 21 de l’Apocalypse par ces paroles: Voici le Tabernacle de Dieu avec les hommes, et il habitera avec eux (Apocalypse 21:3); et par celles-ci: De Temple je ne vis point dans la Nouvelle Jérusalem, parce que le Seigneur Dieu tout puissant est le Temple, et l’Agneau. (Apocalypse 21:22).


